Confusion

CONFUSION

essai suite la lecture de « Paranoïa : Une mélopée » de Stephen King.


Il y a confusion.
Vous ais-je déjà parlé de mes confusions ?
Je suis assis au bar, et l’enseigne au dehors avec ses néons verts illumine la nuit.
Noire.
Elle est noire et elle est aussi accoudée au bar tout près de moi.
Dans ses yeux je vois briller la terne lueur blafarde.
Elle m’observe.
Je sens qu’elle m’observe.
Elle essayera de m’attirer à elle, elle est là parce qu’ils la pensent irrésistible.
Ils veulent que je monte dans une des chambres au-dessus du bar.
Là où c’est plus tranquille, là où c’est plus noir.
Noir.
Ses cheveux sont noirs eux aussi.
Ils dansent sur son dos comme des vagues, ce sont des éclaboussures d’une cascade glacée à minuit en décembre.
Je finis mon verre.
Je suis sûr qu’ils vont essayer de me choper ce soir.
Ce soir il fait noir, les verres sont vides mais je vois dans leurs yeux, au-delà du reflet vert, qu’ils ne sont pas saouls.
Ils brillent de la lueur diabolique, ils me guettent.
Observent mes moindres gestes.
Veulent savoir où je vais, pourquoi, et pour qui.
Ils me veulent ce soir, c’est sûr.
Ils ont longtemps gratté, comme des rats dans la poussière, ils ont fouiné partout pour mieux me connaître.
Savoir ce que j’aime écouter, à quelles heures j’aime danser.
Savoir avec quel type de femme j’aime coucher, quelle est ma couleur préférée.
Ils grattent depuis longtemps, et depuis longtemps je le sais.
Ils m’observent sans relâche ces salopards !
Ils m’ont étudié.
Examiné.
Décortiqué.
Disséqué.
Et ce soir ils essayeront de me choper.
La fille est là pour ça, elle est vraiment belle, ils ont très bien choisie. Mais je ne suis pas dupe.
Je sais.
Je le sais.
Je sais qu’ils sont là.
Les néons clignotent.
Les glaçons fondent.
Les vagues s’agitent.
Ils ne m’auront pas.
Oh non ! Ils ne me choperont pas !
Ils ont beau me poursuivre.
Ils ont beau gratter ma vie avec une pièce de monnaie.
Ils ne m’auront pas.
Parce qu’il y a confusion.
Vous ais-je parlé de mes confusions ?
Déjà ?