Les petits écrivains
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 L'arbre rêve

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Silmar
Scribe
Silmar


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Localisation : Rennes
Date d'inscription : 16/05/2007

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MessageSujet: L'arbre rêve   L'arbre rêve Icon_minitimeLun 21 Mai - 10:59

L’arbre rêve…

Une belle après midi de Mars, fraîche et ensoleillée, dans un bois…un vieux saule tortueux sous la brise balance ses branches couvertes de bourgeons. C’est le printemps. Des oiseaux nichent dans ses branches et son locataire annuel, un petit écureuil roux, est paisiblement endormi . L’arbre rêve.

Un rêve qui dure depuis des siècles, le rêve de toute une vie, de sa vie. Il se revoit, jeune pousse verte dans l’humus de ce petit bois autrefois grande forêt. Il ressent à nouveau la caresse des premiers rayons de soleil, de sa première brise, lui, petit saule, perdu dans l’immensité de la nature.

Et il se souvient…

Autrefois les arbres étaient nombreux, de toutes espèces et de tout âge, unis dans une fraternité qui leur semblait éternelle. Mais les hommes étaient arrivés, ceux en métal, avec leurs outils tranchants. Et la terreur s’était étendue là où elle n’existait pas, là où les celtes et la nature vivaient en harmonie grâce à leurs guides barbus à la serpe douce et prévenante. Le petit saule au cœur de la forêt avait vu, vécu cela. Il avait souffert de la mort du plus petit et plus lointain des arbres de la contrée. Longtemps, les chants de mort de ses compagnons avaient résonnés, à travers les siècles. Lui, protégé par un vieil hêtre sage, aux rameaux dégarnis et à l’écorce grisée par l’âge, avait grandi, prospéré, jusqu’à devenir le plus beau des saules, le Vénérable.

Un doux bruissement parcouru ses branches et les habitants de mère Nature soupirèrent, touchés par la tristesse infinie du Vénérable.

A travers les ans, auquel le saule semblait insensible, la forêt devint bois, petit et retranché au milieu de nulle part. Le hêtre qui avait vu naître le Vénérable mourut, emporté par une maladie qui lui rongeait la sève.
Le saule se renferma, portant le deuil de cet arbre, compagnon de vie, qui avait su lui faire une « place au soleil » dans le cercle des arbres.

Le temps, fleuve, cycle de vie et de repos, passa lentement et le saule connut son premier habitant, l’ancêtre de son écureuil actuel, son premier et unique lierre, parasite et bavard éternel, qui lui tint compagnie hiver après hiver, été après été. Il survécut à maint incendies, à maintes tempêtes, toujours beau et triste, au cœur de son bois ombragé. Ses rameaux hébergeaient désormais des oiseaux de toutes sortes, vivants en harmonie, un petit écosystème protégé, autonome. Le bruit qui l’entourait ne faisait que trancher sur son calme et sa sagesse. Il fit la connaissance d’enfants venus d’un village voisin, petites choses bruyantes et fragiles, ignorante de l’existence de son âme de saule. Puis les enfants de ces enfants et leurs enfants…L’arbre était désormais connu de tout lieux et on venait l’admirer, ce représentant d’un monde jadis meilleur, immortel ou presque. Puis vinrent la peste et les maladies, fléaux du monde vivant, qui emportèrent ses compagnons ailés et bipèdes.

Il se retrouva à nouveau seul, avec le lierre et les quelques arbres du bois. A proximité de lui se trouvait un chêne majestueux, jeune (à peine cinq siècles), chargé de glands. Ils conversèrent longuement sur le temps, les saisons et le passé, sujet vaste…

Le saule fut tiré de son rêve par un bruissement impatient : un bébé chêne, haut comme dix glands, qui tentait d’attirer son attention en agitant ses petits rameaux emplis de bourgeons tendres. Les jeunes arbres l’évitaient en général, mais celui ci, avec son écorce d’un vert doux et ses feuilles toute en rondeurs ne semblait pas le craindre. Le Vénérable lui répondit calmement, un murmure rauque dans la brise. Que voulait ce petit impatient ? Il voulait apprendre, connaître, le passé, la vie, lui, pauvre petit chêne seul.

Le saule soupira. Il se revoyait, petit, face au grand hêtre, implorer son aide, désirant sa sagesse, sa protection.

Alors il se pencha lentement vers le petit chêne, autant que le permettait sa vieille écorce, et l’enlaça du bout des feuilles, en un geste paternel et protecteur.

Un murmure parcouru la forêt : le Vénérable avait choisi son élève, son successeur, comme son maître l’Honorable hêtre l’avait fait avant.

Et il lui apprit. Tout. Le cycle immortel des saisons, la vie dans les bois, l’harmonie avec la nature…le vieux saule fit du jeune chêne un arbre respectable, révéré par ses compagnons et possédant la sagesse millénaire de ses ancêtres. Il grandissait aux côtés de son maître, avec qui il rêvait, voyageant dans un passé qui n’était pas le sien, tout comme le seule avait partagé celui du hêtre auparavant. L’un des écureuils roux s’installa chez lui et un lierre condescendit à égayer ses rameaux dénudés, lui tenant chaud l’hiver. Des oiseaux élurent domicile chez lui et bientôt la vie grouillait dans l’arbre.

Le vieux saule sentit sa fin venir : la sève coulait plus lentement, son écorce se rigidifiait et les bourgeons se faisaient plus rares au fur et à mesure des printemps. Il sut que son règne s’achevait.

Il n’en était pas fâché, le temps l’avait lassé, usé. Il eu une longue discussion avec son élève et avec ses occupants. Le lierre savait que tous deux arrivaient à la fin, à la vie à la mort, et le chêne soupira longuement sans pouvoir y faire grand chose. Alors le Vénérable sombra peu à peu dans la non-vie, sa sève s’arrêta et il mourut pendant l’hiver. Une tempête le déracina, lui, sans force, arbre mort retourné à la terre qui l’avait fait naître, comme son maître avant lui. A sa place s’éleva un nouvel arbre-roi, le chêne flamboyant, guide et protecteur de la forêt, de son bois ancestral, jusqu’à ce que l’âge l’emporte, lui aussi.
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