Les petits écrivains
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 Soleil rouge

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Kestrel21
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Kestrel21


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MessageSujet: Soleil rouge   Soleil rouge Icon_minitimeDim 10 Juin - 13:01

Titre : Soleil rouge
Auteur : Kestrel21
Statut : Chapitre unique.
Genre : Introspection, mention de yaoï et oserais-je dire historique sans paraître ridicule ?
Disclaimer : Les personnages sont miens !

¤ ¤ ¤ ¤ ¤

Riga, Lettonie, 1991.

Il fait nuit, je ne sais pas quelle heure il est.
Et il neige. Des flocons gros comme des billes tapent contre la fenêtre, ça me rappelle que je suis puni pour avoir tapé Gavriil quand il m’avait pris les miennes, à la récré.
Maintenant, je suis privé de sortie par maman et de récré par la maîtresse, donc je ne pourrais pas profiter de cette belle neige demain…
C’est idiot, maman m’avait dit que quand j’aurais huit ans, je pourrais aller à l’école tout seul.
J’ai huit ans depuis trois jours mais c’est toujours elle qui m’accompagne, puisque je suis puni.
Mais je m’en fiche parce que Gavriil est un nul, quand c’est lui qui me frappe, on ne lui dit rien, et quand il m’attend après l’école pour me prendre mes billes ou mes gâteaux, on ne lui dit rien non plus.
Et puis il a des lunettes, il louche et il dit tout le temps des gros mots.
Mais Svetlana aussi dit tout le temps des gros mots. Maman dit que c’est normal, que c’est l’adolescence et que ça va passer. Mais quand elle dit ça, Svetlana crie encore plus fort, maman aussi et tout le monde file dans les chambres en attendant que ça passe.
Le lendemain matin, elles ne se parlent pas et se regardent à peine, maman me dit :
« Nikolaï, veux-tu bien dire à ta sœur de me passer le lait, si elle y consent, bien sûr ! » et Svetlana répond « Kolia (1), dis à ta mère que j’ai pas fini et qu’elle peut toujours courir ! ».
Et alors que je suis le seul à devoir parler, je vois que c’est mieux de me taire.
Svetlana part au collège avec Lukas, moi j’attends que maman finisse de changer et de faire manger Zoïa pour partir avec elle.
Et le soir, au retour de maman, Svetlana et elle se tombent dans les bras et tout redevient comme avant.
Il neige toujours dehors et je sais que je suis le seul à ne pas dormir, parce que j’entends Lukas qui ronfle.
Lukas a 12 ans et il me dit toujours de profiter de l’école parce que le collège c’est nul.
Et comme Svetlana le dit aussi, je suis prêt à le croire.
C’est tellement nul apparemment que Lukas ramène toujours des mauvaises notes, alors c’est sur lui que maman crie quand on reçoit son bulletin par la poste, quand Lukas n’a pas eu le temps de s’en débarrasser.
Mais Lukas dit qu’il s’en fiche, que quand il sera grand, il fera des bandes dessinées, des dessins animés ou artiste au musée.
Et moi je le crois, parce qu’en dessin, Lukas est drôlement fort. Il accroche ses œuvres partout sur les murs de notre chambre et fait pleins de portraits de nous.
Maman en a un dans sa chambre et des fois elle dit que qu’en elle y rentre, elle pense qu’après tout c’est pas si grave que son fils soit nul en math…
Du coup, elle lui a promis de lui offrir des cours de dessin car maintenant que Mikhail travaille et que les russes s’en vont, on gagne un peu plus d’argent. Mais il faut d’abord qu’il passe dans la classe au dessus…
Lukas dit que c’est un challenge à la hauteur de ses talents. « Challenge » est un mot anglais que j’ai appris grâce à lui, ça veut dire « compétition, défi, but » et je trouve ça bien que ce mot soit à la hauteur de Lukas.
Dans trois jours, je pourrais aller tout seul à l’école mais pour l’instant, je suis content de faire comme si je n’avais pas encore huit ans.
Parce que demain, c’est le jour de congé de Mikhail, donc c’est lui qui m’accompagnera à l’école.
Mikhail a vingt et un ans, c’est un adulte et comme tous les adultes, il est très grand. Sauf que Mikhail n’est pas un adulte comme les autres, pas un adulte comme maman, la maîtresse, la dame de la bibliothèque ou le concierge de l’immeuble. Maman dit qu’à vingt et un ans, on est encore un adulte-enfant et que c’est le plus bel âge de la vie.
Et moi je la crois parce que Mikhail est mon frère et mon super-héros, donc il ne sera jamais un adulte comme les autres, toujours au plus bel âge de la vie.
Milovan, mon meilleur copain, trouve que Mikhail ressemble à un ange. A ça, je ne suis pas tout à fait d’accord, parce que je ne trouve pas très beaux les anges des tableaux ou des icônes en carte-postale que maman accroche aux murs de la cuisine.
Mais Milovan et sa famille sont juifs, alors peut-être que ses anges ressemblent plus à Mikhail que ceux de maman. Il faudra que je lui demande…
De toute façon, je sais que Milovan se fiche de la religion et que ses parents n’aiment pas en parler.
Milovan dit que c’est à cause de ce qui s’est passé « avant ». Et quand je demande ce qu’est ce « avant », les parents de Milovan ouvrent des grands yeux et ils ont l’air triste.
Son père m’a dit une fois que beaucoup de gens et aussi des gens de leur famille étaient morts parce qu’on acceptait pas qu’ils soient juifs, mais qu’il préférait ne pas en parler parce que ça pouvait faire revenir tout ça et que ça lui donnait envie de pleurer.
Et je le crois parce qu’il avait déjà des larmes dans la gorge et qu’il était obligé de faire « reuh reuh » pour les faire partir.
J’en ai parlé le soir avec Mikhail et maman, quand il est venu manger avec nous. Mikhail dit qu’au contraire, il vaut mieux en parler, même si ça fait mal, pour ne pas oublier et éviter que ça recommence.
Et maman a conclu que de toute façon, ils pouvaient bien dire ce qu’ils voulaient, maintenant que le pays était libre.
Je crois que maman n’aime pas trop la famille de Milovan mais je ne sais pas si c’est parce qu’ils sont russes, juifs ou pour autre chose.
Pourtant Mikhail m’a dit que la famille de Milovan était là avant que les russes arrivent ici pour dire que ça faisait partie de leur pays, mais que vu le climat qui régnait et ce que maman a vécu à cause de ça, c’est logique qu’elle leur en veuille. Ils lui servent de « bouc-émissaire ». Un mot compliqué que j’ai tout de suite écrit dans mon cahier de vocabulaire avec la définition pour le montrer à la maîtresse, qui aime bien quand on prend des « initiatives » (un mot que j’ai noté au début de l’année, action de quelqu’un qui propose ou qui est le premier à faire quelque chose). Même qu’elle disait avant qu’il fallait pas trop en parler autour de nous parce que les « initiatives », le Grand Frère Soviétique n’aimait pas trop. J’ai jamais trop compris cette histoire de Grand Frère qui n’est jamais venu et à qui il fallait quand même mettre des majuscules. Mais maintenant, je crois que ça n’a plus d’importance.
N’empêche que Mikhail n’a jamais réussi à m’expliquer pourquoi maman n’aime pas la famille de Milovan, alors qu’il y a d’autres familles russes à Riga. Mais je pense que Mikhail n’a pas envie de m’expliquer ça, alors je lui ai plutôt demandé comment il savait que la famille de Milovan était là avant les russes et leurs chars, puisqu’il n’était pas né. Il m’a dit que c’était Vaslav qui lui avait dit, alors j’ai pensé qu’il avait raison.
Vaslav est le grand frère de Milovan, il a vingt-cinq ans et il s’est fait engagé de force dans l’armée russe quand il a eu l’âge. Ça, c’est lui qui le dit et je sais que Mikhail le croit, Milovan le dit aussi alors je crois Milovan. Mais maman ne les croit pas, avant, elle disait toujours quand Mikhail n’était pas là qu’on serait bien surpris le jour où Vaslav débarquerait chez nous pour nous emmener en nous mettant sur le dos des choses qu’on avait jamais faites.
Je ne sais pas si c’est vrai mais moi, je comprend pourquoi les russes ont voulu de Vaslav pour se battre, Vaslav est drôlement fort, c’est toujours lui qui arrive le premier aux courses organisées tous les ans, il escalade les murs sans rien et très vite, il peut enfoncer une porte d’un coup de pied, comme ça, sans rien.
Ça je le sais parce que c’est ce qu’il a fait chez nous quand il a crû que Mikhail allait quitter la ville pour aller chercher du travail à Moscou, ça m’avait drôlement impressionné.
Maman moins, elle lui a interdit de remettre les pieds chez nous, qu’elle avait un fusil et qu’elle hésiterait pas à s’en servir.
Ce que maman n’a pas su tout de suite, c’est que Mikhail passait souvent en silence par ma fenêtre pour voir Vaslav, parce que la fenêtre de ma chambre est la seule qui donne sur la grande avenue, en me faisant promettre de ne rien dire.
Je crois que c’est quand j’ai parlé de ça avec Mikhail que j’ai parlé pour la première fois de ce que font les adultes quand ils croient que personne ne les voit, dans les livres que maman et Svetlana aiment bien.
Je sais que Svetlana a un amoureux, il s’appelle Iakov et il est bête, mais elle me frappe quand je le dis.
Et Mikhail aussi a un amoureux, et lui c’est Vaslav, que j’aime beaucoup et qui est drôlement fort.
Et quand maman l’a su, elle est devenue verte, puis rouge, parce qu’elle avait arrêté de respirer, comme Zoïa le fait parfois quand on fait pas attention à elle, elle se gonfle comme un ballon sur sa chaise de bébé.
Et là aussi, je n’ai pas compris si c’était parce que Vaslav était russe, juif ou pour une autre raison que je ne connais pas.
C’est pour ça je crois qu’elle a voulu que Mikhail parte à Moscou chercher du travail et puisse nous envoyer des sous. Et c’est pour ça encore que Vaslav a défoncé la porte, parce qu’il ne voulait pas que Mikhail s’en aille et du coup, maman l’a encore moins aimé…
Mikhail dit que c’est à cause de ça qu’il est parti de la maison, parce que maman le regardait tout le temps d’une manière qu’il n’aimait pas du tout, après ça.
Moi j’en ai voulu à Vaslav sur le moment, car s’il n’avait pas défoncé la porte, Mikhail ne serait pas parti de la maison. Mais Lukas m’a dit que si Vaslav n’avait pas défoncé la porte, Mikhail serait parti à Moscou, ce qui aurait été bien pire puisqu’on ne l’aurait plus vu du tout.
Et puis Svetlana pense que Mikhail serait parti de toute façon, parce qu’à dix-neuf ans, l’âge qu’il avait à ce moment, on a plus envie de rester chez ses parents, et qu’elle comprend très bien ça. En plus maintenant, Mikhail n’est plus obligé de passer par la fenêtre quand il veut voir Vaslav et que, elle, c’est ce qu’elle fera quand elle aura l’âge, elle partira.
J’espère que ce ne sera pas avec Iakov, parce qu’il est bête.
N’empêche que maman a mal vécu le départ de Mikhail, c’était la première fois qu’elle a pleuré, le soir où il a quitté la maison. Mais Svetlana et Lukas disent que ce n’est pas la première fois, oh non… et que maman ne se retient plus devant eux depuis longtemps.
Elle m’a dit ce soir-là que tout de même, Vaslav et Mikhail n’avaient pas intérêt à se faire voir, et prendre, que sinon, elle ne savait pas et ne voulait pas savoir ce qui leur arriverait.
Et que ça lui faisait très peur. Et en disant ça, elle pleurait encore plus fort et pour la première fois, j’ai dû consoler ma maman. Je l’ai appelé par son prénom ce jour-là, Anna, Anna, ma petite Anna, ne pleure plus, tout va bien, Anna, Anna…
Ce jour-là, je me suis dit que ça devait être très fatiguant d’être un adulte…
Maman était inquiète, après ça. Parce qu’elle avait justement Zoïa dans son ventre et que maintenant que Mikhail n’était plus là, elle ne savait plus quoi faire de nous.
Alors c’est Svetlana qui a pris sa place dans les files d’attente pour acheter à manger, Svetlana qui a eu droit de tenir tous les petits tickets verts et bleus.
J’accompagnais toujours maman ou Mikhail acheter à manger, Lukas aussi venait parfois. Tout le monde là-bas faisait la tête et balançaient à bout de bras leurs sacs tout vides, avait l’air résigné ou parfois criait pour que ça avance plus vite. Et moi, j’aimais bien ça, parce qu’en attendant, je pouvais jouer aux billes avec d’autres enfants qui attendaient aussi.
On faisait des batailles, on jouait à la guerre ou on faisait la course.
Cette année est la dernière. Parce qu’il y a pleins de soldats, de gros tanks et de voitures dans les rues, tous les jours. Lukas et Milovan font des pieds de nez aux soldats qui s’en vont, puisque apparemment maintenant, on a le droit (2).
Je me demande s’ils vont obliger Vaslav à partir avec eux… J’espère que non, Mikhail serait malheureux.
Et si Mikhail est malheureux, il deviendra un vrai adulte, avec un regard toujours triste.
Je me demande ce que ça fait d’être amoureux… J’ai demandé à Mikhail, il m’a dit que je comprendrais quand ça m’arriverait, que c’était trop difficile à expliquer pour quelqu’un qui ne vivait pas ça.
J’ai dis ça à Milovan, Milovan a dit que Vaslav lui avait dit la même chose. Alors on a arrêté de parler de ça et on a commencé à jouer aux billes. Il m’a gagné toutes les miennes, alors on s’est battus.
Milovan, c’est un vrai copain.
Mais un jour, j’ai réussi à les lui reprendre, sans rien en échange, ou presque…
C’était une fois où il m’avait encore gagné toutes mes billes. Je lui ai dit que s’il me les rendait, je lui donnais ma petite sœur en mariage.
Il m’a rendu mes billes mais je me sentais quand même un peu mal. Le soir, Mikhail était chez nous alors je lui ai dit, j’avais un peu honte d’avoir vendu ma petite sœur pour un sac de billes… même pour la belle agate toute rouge avec des reflets.
Mikhail, ça l’a fait beaucoup rire. Il a dit qu’on verrait bien plus tard, quand Zoïa serait une jolie fille courtisée par tous les garçons, ce que Milovan et elle en penseraient.
Mais après, Milovan m’a dit qu’il y avait pensé et que finalement, il préférait se marier avec moi plutôt qu’avec ma sœur.
Moi j’ai pas dit non, d’ailleurs je savais pas trop ce qu’il fallait dire. C’est quelque chose qui a fait rire Mikhail encore plus fort.
Il m’a dit que toute cette histoire commençait vraiment à nous monter à la tête mais que, aucun doute possible, j’étais bien son frère.
Ça, ça m’a plu, j’étais très content d’être bien le frère de Mikhail.
Alors après, Milovan m’a embrassé sur la bouche à la récré, il paraît qu’on fait ça quand on est mariés.
Svetlana dit que c’est beaucoup plus compliqué que ça, mais je préfère croire Milovan, qui est un vrai copain, alors que Svetlana est ma sœur et que son amoureux est bête.

Le jour se lève. Le ciel est tout blanc, pourtant il ne neige quasiment plus.

¤ ¤ ¤ ¤ ¤
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MessageSujet: Re: Soleil rouge   Soleil rouge Icon_minitimeDim 10 Juin - 13:01

Il fait vraiment froid, je trépigne devant la maison, je souffle sur mes doigts en attendant Mikhail.
La neige de cette nuit est déjà toute marron et il y a des traces de pneus et de chenilles, les tanks ont dû passer ce matin.
Mikhail arrive, il est un peu en retard, échevelé, peut-être que lui non plus n’a pas dormi cette nuit. Il sourit, comme d’habitude, et on part vite, parce que je suis un peu en retard moi aussi.
Je lui parle de ma semaine, que je suis privé de récré parce que je me suis battu contre Gavriil mais que Milovan m’a promis de lui faire la tête au carré aujourd’hui quand il sortira.
Mikhail me dit qu’il a décroché un entretien d’embauche pour mardi et que bientôt, il gagnera de nouveau de l’argent et qu’il pourra payer sa part de loyer dans l’appartement de Vaslav.
La neige est toute noire, partout où on passe, sauf sur les toits des maisons où elle est si propre et si brillante qu’on a envie de la manger.
Il y a un attroupement sur la grande place, des gens qui crient et qui ont l’air très content.
A l’angle d’une rue, je vois un homme sur une échelle enlever un écriteau pour le remplacer par un autre, tout neuf, bleu avec de belles lettres blanches.
La grande place ne s’appelle plus la place Staline, elle devient la place Imre Nagy sous mes yeux. (3)
Mikhail s’arrête et regarde fixement l’homme qui accroche la plaque neuve, pendant quelques secondes.
Au centre de la place, des gens le regardent aussi, en cercle autour du socle vide.
C’est comme ça que tout le monde l’appelle depuis que pleins de gens ont fait tomber la statue de Staline avec des marteaux, des cordes et des burins.
Elle était drôle cette statue, je veux dire bizarre. Une fois des garçons de l’âge de Mikhail lui avaient mis un slip sur la tête et l’avaient entouré de papier toilette, là elle faisait rire. L’un d’eux s’est fait arrêté, je me souviens. Je ne sais pas ce qu’il est devenu.
- Viens Kolia, on s’en va.
Mikhail a dit ça un peu fort mais je sentais qu’il était très content de voir ça.
Je pense à ce mot écrit dans mon cahier de vocabulaire, Baptême : Bénédiction solennelle.
Normalement, c’est pour les enfants. Ou pour les bateaux et les cloches. Mais je crois que je penserais toujours à celui-là quand j’entendrais ce mot. Et je comprends un peu mieux ce que veut dire “solennel”.

Le baptême de la place Imre Nagy…

C’est bizarre, cette place, je ne savais même pas qu’elle avait un nom. J’y passe tous les matins pour aller à l’école et tous les soirs pour rentrer à la maison. Pour moi, c’était toujours la grande place, avec au milieu la statue d’un gros bonhomme moustachu, ou après un socle vide.
Ou peut-être que je l’avais su, son nom, mais cette place n’était pas quelqu’un alors son nom n’était pas important. J’ai dû oublier.
Je ne sais pas si je l’oublierais, maintenant qu’elle a changé de nom, je ne pense pas que j’oublierais comme tous ces gens avaient l’air heureux.
Je ramasse un petit caillou noir par terre. Je ne sais pas encore ce que je vais en faire.
Le lancer sur la tête de Gavriil tout à l’heure ou le mettre dans ma petite boîte, celle qui est sous mon lit, celle où il y a déjà ma photo de classe, des dessins de Lukas, un bracelet cassé de maman, un trèfle à quatre feuilles et la belle agate, la rouge avec des reflets.
Probablement la seule que j’ai jamais réussi à gagner à Milovan…


Fin.


Notes de l’auteur :

(1) Kolia est l’un des diminutifs donnés pour Nikolaï.
(2) 1991 a été l’année du retrait des troupes soviétiques des pays occupés.
(3) Pure invention de ma part, mais il a existé une place Staline à Riga (et dans toutes les autres villes des démocraties populaires et pays occupés) du temps de l’occupation soviétique.

Petit extra :

Je mets ici les significations des prénoms des personnages, même si elle n’a pas grand chose à voir avec leurs caractères. Je me suis dit que ça pourrait en intéresser (mais je les ai choisi pour la plupart uniquement parce qu’ils sonnaient bien à mon oreille !).

Nikolaï : Du grec victoire, peuple
Mikhail : De l’hébreu qui est comme Dieu
Lukas : Du latin lumière
Vaslav : Du slave grand, gloire
Milovan : Du slave bien-aimé
Zoïa : Du grec la vie
Svetlana : Du slave gloire
Anna : De l’hébreu grâce, joie
Gavriil : De l’hébreu force de Dieu
Iakov : De l’hébreu que Dieu favorise
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