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 Entre deux

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destitute
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Nombre de messages : 2
Date d'inscription : 31/01/2013

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MessageSujet: Entre deux   Entre deux Icon_minitimeVen 1 Fév - 3:30

Sarah elle est belle, mais seulement quand elle dort. Vous voyez, elle est cette fille qui pourrait être très belle mais qui ne plaît qu’aux hommes qui, enfant, ne jetaient jamais leurs jouets cassés. Les bricolos, les sauveteurs dans l’âme. Ceux qui ramenaient les oiseaux blessés à la maison et qui voulaient devenir pompier, infirmier ou même véto. Il reste quelques hommes comme ça qui croient qu’ils suffiront à colmater la brèche, qu’un cœur ça se répare, et que vous les attendiez comme le Messie.
Ils sont les hommes qui voudraient lui offrir le monde, elle est cette femme qui répond qu’elle a déjà le sien. Oui c’est vrai qu’il y fait souvent froid, qu’il y pleut chaque nuit, que quand le tonnerre y gronde, il détruit tout sur son passage. Et oui c’est vrai qu’elle y est seule, ou presque.
Dans le monde de Sarah il y avait d’autres âmes avant. Aujourd’hui il n’y reste que des ombres, des fantômes qui en quelques années ont pris le pouvoir sur ce royaume qui fût jadis celui d’une enfant. Certes il est glauque ce monde, il est morne et dévasté et les rares étincelles de vie qui y sont restées accrochées sont terrifiées de s’en faire exclure à leur tour, maintenant qu’elles y sont en minorité. Mais c’est le sien ce monde, sa bulle, le seul refuge où rien ne doit être feint ou respecter les convenances.
Il n’y manque qu’une chose faut dire, c’est le silence absolu. Parfois il règne des jours durant, et pendant ces répits-là, il est quasi impossible à Sarah de s’en arracher. Les fantômes ne se montrent pas, et alors c’est comme un gros nid de coton qui ne laisse filtrer aucun des bruits de la vie. Un gros nid de coton douillet où l’on peut rêver éveillé, où aucune lumière ne perce le ciel bas et lourd. Ces jours-là, où ces nuits s’il me faut être exact, Sarah agonise chaque fois qu’il faut ouvrir les yeux et retourner à la réalité. La douleur en est quasi physique, comme si elle pouvait sentir chacun de ses membres s’en arracher lentement, en y laissant des plumes de l’ange qu’elle est là-bas.
Mais même ce refuge est aujourd’hui corrompu. La mort attire la mort, et les fantômes y naissent de plus en plus nombreux. Les fantômes neufs, ça ne sait pas encore se taire. Un fantôme neuf, ça hurle et ça pleure, et ça se croit vivant encore, et ça ne veut pas être mort. Alors ça remue et ça se montre, encore et encore, ça reste figé sous tes paupières comme une flamme que tu as trop longtemps fixée. Ceux-là, ils tentent chaque nuit de l’attraper et c’est un martyre de leur résister parce que ceux-là, Sarah les aime et les comprend. Ils ne supportent pas de rester seuls là dans le noir étranger de ces limbes encore inconnus. Inconfortables. Elle connaît cette angoisse intolérable de n’avoir plus le moindre repère, d’être en questionnement constant. Et pour cause, elle est aussi perdue dans ton monde qu’ils le sont dans celui-là.
Alors ces nouveau-nés, ils angoissent Sarah comme un nourrisson angoisse sa mère, lorsqu’on le lui arrache pour la première fois. Elle les aime encore follement comme elle aimait l’âme qu’ils étaient de leur vivant ; elle voudrait les étreindre et les rassurer sans subir ses aller-retours vers l’autre monde, ton monde, celui des vivants, où finalement c’est elle le fantôme.
Cet amour pour ces âmes en peine qui la hantent, c’est le plus dangereux. C’est le syndrome de Stockholm en fait, l’amour de l’otage qui se croit consentant. C’est l’amour qui rythme ses nuits comme un amant voyou, qui décide de quand elle dort, quand elle pleure, quand elle rêve. Il est 5h et, tous muscles contractés, elle s’arque vers le plafond blanc de la réalité, yeux trop ouverts, souffle trop pressé. D’autres yeux ne les distingueraient pas, mais si elle s’arque, c’est pour échapper aux cordes d’ombres qui l’étreignent pour la retenir là-bas, au pays des fantômes, des morts qui l’aiment et ont besoin d’elle. Elle lutte à chaque réveil, mais avec le temps, il y a de ces matins où elle ne sait plus pourquoi. Parfois quand l’aube menace, elle en oublierait presque de résister, et pour qui et pourquoi ? Et comment savoir si c’est bien à ton monde qu’elle appartient, quand rien ici ne lui ressemble, quand rien ici ne semble naturel, quand rien ici ne veut vraiment d’elle ? Et pourquoi le réveil quand elle sait qu’elle passera la journée à douter que cette routine n’est qu’un boudoir, un purgatoire avant sa vraie naissance parmi eux, ces ombres, ses ombres ?
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